lundi, mai 28, 2007

Josip Broz "Tito" (1892-1980).


« L'homme qui ne s'aligna jamais. »
André Fontaine

Le maréchal Tito symbolise à lui tout seul la défunte Yougoslavie. Il réussit à maintenir cette fédération de peuples sous une chape de plomb communiste. Refusant d'être un satellite de Moscou, Tito devient l'emblème du non-alignement. Cet homme à poigne a permis à la Yougoslavie de vivre en paix pendant trente-cinq ans avant le réveil tragique des nations.
Né d'un père croate et d'une mère slovène, Josip Broz dit Tito est un sujet de l'Empire austro-hongrois. Septième enfant d'une famille de paysans, il apprend donc très tôt ce que peut être un ensemble multinational rassemblant des peuples possédant une histoire, une langue et une religion différentes.
Tito sert comme sous-officier dans l'armée austro-hongroise lors de la Première Guerre mondiale. Capturé par les Russes en 1915, il noue de nombreux contacts avec les bolcheviques. Revenu dans son pays natal appelé désormais royaume de Yougoslavie, il adhère au parti communiste en 1923. Son engagement lui vaut d'être condamné à cinq ans de prison pendant lesquels il étudie le marxisme. Le Komintern, favorable à une Yougoslavie fédérale, propulse Tito, libéré en 1934, à la tête d'un parti communiste yougoslave (1937).
Durant la Seconde Guerre mondiale, Tito organise la résistance contre l'occupant allemand et ses alliés oustachis (nationalistes croates). Grâce à une armée de plus de huit cent mille partisans, Tito parvient à libérer la Yougoslavie avant l'arrivée des troupes soviétiques (octobre 1944). Après avoir aboli la monarchie, Tito proclame, le 29 novembre 1945, la création de la République Populaire Fédérative de Yougoslavie. Il s'agit d'une fédération regroupant six Républiques (Serbie, Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Macédoine) conservant leur autonomie linguistique, mais placées sous l'autorité d'un gouvernement central.
Tito refuse de se soumettre aux ordres de Moscou. Exclu du Kominform par Staline (1948), il invente alors un nouveau modèle communiste : autogestionnaire à l'intérieur et non-aligné à l'extérieur. La déstalinisation conduit Tito à se réconcilier en 1955 avec l'URSS de Khrouchtchev, mais il anime, avec Nehru et Nasser, le mouvement des non-alignés. Il condamne d'ailleurs en 1968 l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie. La libéralisation de l'économie à partir de 1965 fait de la Yougoslavie un pays prospère, à l'abri de la misère.
Malgré une large décentralisation du pouvoir politique vers les Républiques, des revendications nationalistes apparaissent, aussitôt réprimées par l'armée fédérale. Tant que Tito vit, la Yougoslavie parvient à conserver son unité. Mais lorsqu'il meurt en 1980, les nationalismes se réveillent. L'éclatement de la Yougoslavie a lieu en 1991, déclenchant une guerre civile au cœur de l'Europe.

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