dimanche, mai 20, 2007

François Mitterrand (1916-1996).


« Il faut laisser le temps au temps... »

Onze fois ministre, deux fois président de la République, homme de droite puis de gauche, celui que le général de Gaulle appelait « le Rastignac de la Nièvre », est un animal politique hors du commun, un prince machiavélien.
François Mitterrand n'est pas né fils du peuple, mais appartient à une famille bourgeoise aisée et dévote. Jeune homme conformiste, il fréquente la droite nationaliste mais s'intéresse davantage à la littérature qu'au militantisme. Fait prisonnier en 1940, il s'évade pour aller retrouver celle qu'il aime, Catherine Langeais. En 1942, il travaille comme haut fonctionnaire pour Vichy, ce qui lui vaut d'être décoré de la francisque par le maréchal Pétain. En 1943, il entre dans la Résistance sous le nom de Morland. À la Libération, réfractaire au communisme, opposé au général de Gaulle, il devient député de la Nièvre (1946) et l'un des chefs de l'UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance). Il participe à divers gouvernements de la IVème République, notamment comme ministre de l'Intérieur du gouvernement Mendès France.
Avec l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir (1958), François Mitterrand devient son principal opposant et se convertit au socialisme. Dans son livre le Coup d'État permanent (1964), il accuse la Vème République d'être une monarchie républicaine taillée pour le général. Après son échec aux élections présidentielles de 1965, Mitterrand prend la tête du nouveau parti socialiste au congrès d'Épinay (1971). Grâce à son alliance avec les communistes (Programme commun) et face aux divisions de la droite, François Mitterrand est élu le 10 mai 1981 président de la République avec 51,7 % des voix. Il adopte la posture d'un monarque républicain, laissant à ses Premiers ministres une faible marge de manœuvre. Il entreprend de « changer la vie » en rendant la société plus égalitaire (impôts sur les grandes fortunes), plus solidaire (retraite à soixante ans, cinquième semaine de congés payés, semaine de trente-neuf heures) et moins capitaliste (nationalisations). Il abolit la peine de mort.
Mais dès 1983, Mitterrand abandonne le programme socialiste au nom de la rigueur budgétaire : combat contre l'inflation, arrêt des nationalisations, privatisations. L'exclusion et le chômage progressent tandis que l'extrême droite s'installe dans le paysage politique. Profondément européen, Mitterrand contribue à la réconciliation franco-allemande et à la signature des accords de Maastricht (1992). Mais il ne comprend pas la réunification allemande et l'évolution politique de l'URSS.
Les dernières années prennent la forme d'une fin de règne : suicide de Pierre Bérégovoy, révélation des affaires (Pelat, Carrefour du développement...) On apprend qu'il est atteint d'un cancer depuis 1981 et qu'il a une fille cachée, Mazarine. Plus grave : la révélation sur son passé à Vichy et son amitié avec René Bousquet, exécuteur de la rafle du Vel' d'Hiv'.
Comme les grands bâtisseurs, le sphinx Mitterrand mène une politique de grands travaux (pyramide du Louvre, Opéra Bastille, Grande bibliothèque, arche de la Défense).

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