mercredi, avril 18, 2007

AVERROES إبن رشد



Abu al-Walid Mohamed Ibn Ahmed Ibn Mohamed al-Andalusi, connu en Occident sous le nom d’Averroès est né à Cordoue en Espagne en 1126 au sein d’une famille de notables.

Son père et son grand-père avaient été grands magistrats de la ville.
Cordoue est alors un lieu d'intense activité intellectuelle.
Averroès commence par l'étude du Coran, de la grammaire, de la poésie, de l'écriture et des rudiments de calcul. Il est initié par son père qui était lui-même juge à Cordoue, à la jurisprudence musulmane, selon laquelle le religieux et le juridique ne se dissocient pas. Après une bonne formation religieuse il étudia d'autres branches du savoir, la physique, l'astronomie, la médecine, les mathématiques. Il apprit la philosophie et le droit sous la direction d'Abu J'afar Haroon et d'Ibn Bajja, et la médecine sous celle d'Avenzoar.

Averroès était un homme profondément religieux ayant une bonne connaissance du Coran et des traditions enseignées par le Prophète auxquelles il fait souvent référence. Ainsi on trouve dans ses écrits cette phrase: "Quiconque étudie l'anatomie augmente sa foi dans l'omnipotence et l'unité de Dieu Tout Puissant".

D’autre part, intéressé par la philosophie et la logique, il essaya de réconcilier la philosophie et la religion dans ses travaux de réflexion.

Averroès fut avant tout praticien et théoricien de la médecine et du droit. Il aurait écrit 78 livres sur différents sujets. Mais ce n'est ni comme juriste ni comme médecin qu'il fut connu du monde latin mais comme "Commentateur" d'Aristote.

Les sources de la pensée d'Averroès sont de deux ordres :
- le philosophe Aristote dont il veut retrouver la philosophie dans sa pureté, en éliminant les interprétations passées faites par les musulmans ou les grecs.
- l'Islam et son livre saint le Coran.

En une vingtaine d'années, Averroès écrivit sur presque tous les traités du corpus aristotélicien qu'il considère comme un être inspiré. Il utilise pour cela plusieurs traductions, il trouve ainsi certaines erreurs de traduction ou d'interprétations, parfois des rajouts. Il cherchait à trouver un sens originel à sa vie à travers l'œuvre du philosophe grec. Sa conception philosophique sur l'origine des êtres est inscrite dans ses commentaires des traités d’Aristote.

Averroès fut condamné en son temps par les tenants d'une orthodoxie religieuse étroite de la religion musulmane qui lui reprochait de déformer les préceptes de la foi. Ses livres furent brûlés, à l'exception des ouvrages médicaux et astronomiques.

A ses yeux, rien dans la philosophie d'Aristote bien comprise ne contredit le Coran. La philosophie ne contredit pas la loi divine qui appelle à étudier rationnellement les choses: on doit "unir le rationnel (ma'qul ) et le traditionnel (manqul )". Averroes s'en explique dans Fasl al-maqal (Discours décisif); "le vrai ne peut contredire le vrai".

Selon lui, la loi divine a un sens extérieur (dhaher) et un sens intérieur (baten): les hommes capables de science doivent pénétrer jusqu'à celui-ci et le garder pour eux, les autres se contentant du premier, qui précisément leur est destiné. Si les préceptes pratiques s'imposent à tous indistinctement, les comportements doivent nécessairement différer en matière théorique. La seule attitude qui ne soit pas justifiée est celle des théologiens qui, communiquant aux gens du commun des interprétations mal fondées, jettent le trouble dans les esprits; faute de connaître les véritables méthodes rationnelles, ils s'en tiennent à des argumentations simplement probables, sur quoi rien de certain ne peut se fonder.

Sur ces bases - distinctions corrélatives des sens du Coran, des capacités intellectuelles et des modes de démonstration –, Averroes a composé un ouvrage intitulé Découverte des méthodes démonstratives concernant les dogmes religieux (1189). Il y traite de plusieurs points fondamentaux de la foi islamique (l'existence de Dieu, son unicité, ses attributs, ses actions...) en substituant aux formulations et aux arguments des écoles théologiques, qu'il critique en détail, un exposé qui, fondé sur le seul texte coranique, doit convenir à la fois aux simples et aux savants (aux aristotéliciens).

Dans l'ensemble de ce traité, Averroès apparaît au point de convergence de trois perspectives doctrinales : la théologie musulmane, qu'il connaît assez à fond pour la critiquer de l'intérieur; la révélation coranique et la philosophie d'Aristote, qu'il accepte intégralement l'une et l'autre comme deux expressions différentes du vrai.

Son ouvrage le plus important "Tuhafut al-Tuhafut" ("Inchoérence de l'Incohérence" ou "Destruction de la Destruction") est écrit en réponse au travail du penseur musulman et philosophe mystique Al-Ghazali, mort en 1111, qui avait écrit un livre destiné à ruiner les doctrines de divers philosophes : le "Tahafut al-falasifa" (La Destruction des philosophes ), qu'il réfute méthodiquement. Pour Al Ghazali, il n'y a pas de loi de la nature, mais des volontés de Dieu ; et la science doit s'effacer devant la toute puissance de la religion. Il écrit: "les connaissances consacrées par la Raison ne sont pas les seules, il y en d'autres auxquelles notre entendement est absolument incapable de parvenir".

Averroès précise dans "Tuhafut al-Tuhafut", la double incapacité de l'intelligence : l'une est relative, propre à une certaine classe d'esprits, et provient soit de la constitution individuelle, soit de l'absence d'instruction, l'autre est absolue, et tient à la nature même de l'intelligence.

Dans ces interprétations, il fait état de sa théorie d'une intelligence universelle immortelle à laquelle tous les hommes participent par leur espèce mais non en tant qu'individus, les âmes particulières étant elles périssables et dépendantes.

Il distingue en l'homme l'intellect passif et l'intellect actif. Celui-ci se situerait au-delà de l'individu : il lui serait supérieur, antérieur, extérieur car il serait immortel.

Bien entendu il en va autrement pour les hommes particuliers : la pensée de chacun est liée à ses propres images. C'est pourquoi, malgré l'unicité des intellects, les pensées de chaque homme sont différentes de celles des autres.

Dans ses commentaires qui étaient utilisés de préférence aux textes originaux d'Aristote, il estime que les vérités métaphysiques peuvent être exprimées de deux façons : par la philosophie (représentée par les vues d'Aristote et des néoplatoniciens de l'antiquité tardive) et par la religion (représentée sous la forme simplifiée et allégorique des livres révélés).

C'est de cette philosophie que partirent les grands courants de l'averroïsme latin suivi respectivement par De Brabant ( 1235- 1282) à Paris et par le médecin Pietro de Abano (1250-1315) de Padoue: ( " ... La médecine est appelée "philosophie seconde" : les deux disciplines sont en effet complémentaires, l'une soignant l'âme, l'autre le corps...la médecine et la philosophie sont sœurs".)

Cette doctrine sera plus tard combattue par Thomas d'Aquin, qui chercha à réconcilier la foi et la raison pour fonder la théologie comme science rationnelle.

Ce principe philosophique a engendré une grande polémique et a soulevés des débats passionnés. Il a été déclaré plus tard hérétique par les musulmans et les chrétiens (condamnation par l'évêque de Paris en 1270, puis par le pape Léon X en 1513).

Les commentaires ont exercé une influence considérable tant sur la scolastique chrétienne que sur la philosophie dans l'Europe médiévale et sur les philosophes juifs du Moyen Âge.

En tant que médecin, Averroès était porté sur la recherche, l'analyse et le traitement des maladies, bien qu'il ait eu un plus grand penchant pour la recherche et l'étude. Son œuvre médicale la plus connue est "Kitab Al-Kulliyate fil-Tibb" ("Livre de Médecine Universelle"). Ecrit avant 1162, cet ouvrage fut traduit en latin par Bonacosa en 1255. Il fut publié en 1482 à Venise et fût enseigné officiellement dans les Facultés et écoles de Médecine occidentales jusqu'au XVIIe et XVIIIe siècles. Ce n'est qu'en 1984 que le texte arabe a été imprimé à… New Delhi.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ton Blog est une source intarissable de tant de savoir et d'Infos...
^^-^^

Bravo & Merci

@+ sur mes rivages

CITIZEN a dit…

@ c'st trop fletteur tu me fais rougir el greco