Ala-al-Din Abu al-Hasan Ali Ibn Abi al-Hazm al-Qarshi al- Damashqi al-Misri 1213-1288.
Né vers 1213 à Damas, Ibn al Nafis reçut son éducation médicale au Collège-Hôpital de Médecine Nouri qui avait été fondé par Nur al-Din Zangi.
Son professeur fut Muhaththab al-Din Abd al- Rahim. Il avait à sa disposition une immense bibliothèque qui comportait entre autres les ouvrages de Rhazès, Avicenne et Maïmonide.
Erudit, tout autant juriste, philosophe, linguiste et théologien, il se rendit au Caire vers l'âge de 25 ans. En tant que Médecin-Chef de l'hôpital Nasri, il transmis son savoir à de nombreux spécialistes à l'école de l'hôpital El Mansouri (Mansuriya).
Célibataire toute sa vie, il avait la réputation d'être très étourdi, souvent perdu dans des pensées profondes, avec par moments le besoin d'écrire des centaines de pages dans une solitude absolue. On sait encore qu'il était très pieux et qu'il devint très riche.
Son œuvre originale majeure est la description du système de la circulation sanguine qui a été "redécouvert" trois siècles plus tard. Il a été le premier à décrire correctement les poumons, les bronches et la circulation pulmonaire.
"Les poumons sont constitués de diverses parties, l'une d'entre elles sont les bronches, la seconde correspond aux branches de l'artère pulmonaire et la troisième aux branches des veines pulmonaires. Toutes sont reliées au moyen d'un parenchyme lâche et poreux".
"Les poumons exigent une artère pulmonaire car celle-ci leur apporte le sang qui a été aminci et réchauffé dans le cœur afin que ce qui suinte au travers des pores des branches de ce vaisseau vers les alvéoles pulmonaires puisse se mélanger avec l'air qui y s'y trouve et se combiner avec lui, la substance obtenue étant alors en mesure de devenir l'esprit après que ce mélange a gagné la cavité gauche du coeur. Le mélange est conduit vers la cavité gauche par les veines pulmonaires."
Ibn al-Nafis révélait la première description de la circulation pulmonaire, après celle avancée par Galien au IIème siècle et entachée de grossières erreurs (deux réseaux distincts: depuis le foie et le coeur, ce qui interdit toute notion de circulation). Ibn al-Nafis postulait que:
"Quand le sang a été raffiné dans cette cavité (le ventricule droit du coeur), il est indispensable qu'il passe dans la cavité gauche où naissent les esprits vitaux. Mais qu'il n'existait pas de passage direct entre ces dernières. L'épais septum du coeur n'était nullement perforé et ne comportait pas de pores visibles ainsi que le pensaient certains, ni de pores invisibles tel que l'imaginait Galien. Au contraire les pores du coeur y sont fermés. Ce sang de la cavité droite du coeur devait circuler, dans la veine artérieuse (notre artère pulmonaire), vers les poumons. Il se propageait ensuite dans la substance de cet organe où il se mêlait à l'air. Afin que sa partie la plus fine soit purifiée et passe dans l'artère veineuse (nos veines pulmonaires) pour arriver dans la cavité gauche du coeur et y formait l'esprit vital."
"Le reliquat moins raffiné de ce sang est employé à l'alimentation du poumon. C'est pourquoi il existe entre ces deux vaisseaux (les artères et les veines pulmonaires) des passages perceptibles."
Ibn al-Nafis réfute les thèses de ses prédécesseurs, notamment le dogme galénique sur la communication interventriculaire et la description de la circulation pulmonaire.
"Le coeur ne possède que deux ventricules et il n'y a absolument aucune ouverture entre ces derniers. De même, la dissection s'oppose à ce qu'ils prétendaient puisque le septum entre ces deux cavités est beaucoup plus épais que nul autre. L'intérêt de ce sang (qui se trouve dans la cavité droite) est de rejoindre les poumons, de se mélanger avec l'air qui s'y trouve, puis de cheminer au travers des veines pulmonaires pour gagner la cavité gauche du coeur."
Il a également compris le rôle des artères coronaires dans l'irrigation du muscle cardiaque.
En outre, il refuta le postulat d'Avicenne qui voudrait que le sang du côté droit serve à nourrir le cœur en prouvant que la nutrition de celui-ci provient du sang circulant dans les vaisseaux qui pénètrent le corps du coeur.
On lui doit un grand nombre d'œuvres écrites:
- "Al Muhadhab Fi Al Kouhl Al Mujarrab" un (Traité d'Ophtalmologie),
- "Sharah Tashrih al Qanun" (Commentaires sur l'Anatomie du Canon d'Ibn Sina) ou "Mujaz al-Qanun" (Abrégé sur la loi), est sans doute l'ouvrage le plus connu et le plus important, dans lequel il donne sa propre contribution à l'anatomie, la pathologie et à la pharmacologie.
- "Kitab al-Mukhtar fi al-Aghdhiya", un livre sur les effets du régime sur la santé,
- "Shareh Fusul Boukrat", Commentaires sur les Aphorismes d'Hippocrate,
- "Shareh epidemia Boukrat", Commentaires sur les Epidémies d'Hippocrate,
- "Al-Shamil fi al-Tibb" (Encyclopédie médicale), de 300 volumes, inachevés en raison de sa mort, dont le manuscrit est à Damas.
5 commentaires:
J'ai connu voici de nombrueses années une illustre famille de Medecins qui se disaient decendante de ce Monsieur, je suis tellement desolé que tu n'eut pas rapporté des infos sur ses potentiels decendants en Tunisie
cher Citizen,
Je comprend ton envie de faire connaitre Ibn Nafis et autres illustres medecins arabes du moyen age.
Plusieurs ont deja bcp ecrit sur ces medecins arabes et je trouve qu'ont fini par leurs donner une place plus prestigieuse qu'ils ne meritent.
Je pense qu'il faut etre honnete et parler egalement des medecins europeens des trois derniers siecles. c'est eux qui ont contribué le plus a la medecine d'aujourd'hui. Il ne faut pas glorifier les uns sans les autres.
@ Monsieur-bien
peut être que je le ferai après des vérifications et après leur autorisation.
@ zizou from djerba
Je ne compte pas parler uniquement des illustres figures arabes. D'ailleurs, je prèpare en ce moment même une note sur Alexander Fleming, le père de le Penicilline et une autre sur Maimonide.
26 avril 2007 11:14
Je te remercie du fond du coeur pour cette approche universelle! et je m'excuse pour avoir mal percu cette note!
Bravo !
@ ZIZOU FROM DJERBA AU PLAISIR DE TE LIRE ET DE LIRE TES COMMENTAIRES.
MERCI.
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