Appelons-le David. Cette nuit-là, il ne s'est pas endormi. Il a feuilleté une bande dessinée, a écouté de la musique pop sur son walkman puis a pris une douche et s'est soigneusement rasé. Il a avalé un bon café au mess des officiers et s'est rendu à l'heure dite sur le terrain d'aviation. Il a grimpé dans son F16 et s'est envolé en direction de la bande de Gaza. Cinq minutes plus tard, il était au-dessus de sa cible : un immeuble d'habitation. Il a largué sa bombe (une tonne d'explosif), a viré de bord et est rentré chez lui.
Il a brièvement rendu compte du succès de sa mission, a sauté dans sa voiture et est rentré chez lui. Il s'est allongé sur son sofa et s'est rapidement endormi. Ce soir, il dînera en bord de mer avec des amis puis ira danser dans un club à la mode à Tel-Aviv.
Au sol, tout un quartier est dévasté. On compte dix-sept morts, la plupart des enfants, et plus de cent cinquante blessés, dont le seul tort était de se trouver là.
Appelons-le Daoud. Ce matin, il s'est levé de bonne heure et a fait sa prière. Puis il a enroulé autour de son corps une ceinture d'explosifs et a pris le chemin d'Israël. Il est passé à travers les barrières et les barbelés de la plus grande prison du monde et a marché vers une halte d'autobus. Au bout d'un quart d'heure, l'autobus est arrivé. Le conducteur s'est méfié de ce jeune homme au regard un peu trop fixe. Il a tenté de refermer la portière mais c'était déjà trop tard : Daoud avait actionné le mécanisme infernal. Quinze morts, tous civils, et des dizaines de blessés, dont le seul tort était d'avoir pris ce bus-là, ce jour-là. De Daoud, il ne reste plus rien. Il n'aura pas de sépulture.
David est un héros. Daoud est un terroriste.
C'est ce qu'on appelle la logique Bush-Sharon.
1 commentaire:
Dommage qu'il n'y a pas de comentaires mais réellement que dire de plus.
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