Roland Garros décolle de Fréjus le 23 septembre 1913 à 5 h 47. Au bout de vingt minutes, il aperçoit déjà la Corse qu'il contourne par l'ouest. "Soudain, un éclatement sinistre de métal brisé." Le moteur continue à tourner en cognant régulièrement. Garros se détourne de la trajectoire prévue, survole Ajaccio mais décide de continuer son périple au moins jusqu'à Cagliari. Progressivement, « je m'habituais à cette terrible trépidation". Après une longue hésitation au-dessus de Cagliari "une force mystérieuse, plus forte que ma raison et que ma volonté m'entraîna vers la mer."
Pour économiser l'essence qui lui reste, Garros monte à 3 000 mètres. Plus aucun repère visuel ne lui signale sa vitesse. "Nouvelle alerte, un 'clic' de rupture d'une netteté lugubre en cette solitude." Et "ce niveau d'essence comptait comme un sablier, les dernières minutes de l'épreuve. Quel serait le dénouement? tragique, radieux? Le pilote calcule et recalcule ce qui lui reste d'essence.
Il distingue soudain trois torpilleurs. " Sauvé... sauvé... Cette certitude soudaine me jaillit au cerveau, m'inonda de chaleur. " Garros pose son avion non loin de Bizerte. " J'atterris sur le champ de manœuvre où personne ne m'attendait.
Roland Garros se pose à Bizerte après 7 h 53 mn de vol, il a parcouru 760 km. A l'arrivée, il lui restait à peine 5 litres de carburant. C'était la première fois qu'un avion traverse la Méditerranée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire