Je vous propose à lire cet article qui force l'estime.
Je l'ai lu dans le numéro 2422 de Jeune Afrique. L'hedomadaire panafricain l'a rapporté à son tour sur le quotidien israélien Haaretz.
Bonne lecture.
Le meurtre d’un père de cinq enfants, Tayssir Karaki, 35 ans, domicilié à Beit Hanina, a été commis par un seul individu, mais le terreau dans lequel a grandi le terroriste franco-israélien Julien Soufir mérite un examen de conscience collectif.
Plus d’un Juif français a expliqué, pendant la récente campagne présidentielle, qu’il était pour Nicolas Sarkozy parce qu’il avait réagi avec fermeté contre les immigrés musulmans lors des émeutes des banlieues en 2005. Son soutien, sans équivoque, à la communauté juive après le meurtre d’Ilan Halimi, en 2006, attribué par lui à des motifs antisémites, lui a également permis de mobiliser de nombreux Juifs français.
Au cours de la campagne, on a entendu des Juifs dire que « les Arabes sont en train de prendre le pouvoir en France », ou qu’« il faut un homme fort pour ramener l’ordre ici ».
Six cent mille Juifs vivent en France aujourd’hui. Contrairement aux enfants des immigrés musulmans, nombre d’entre eux occupent des positions sociales élevées et ont gagné le respect et la protection du gouvernement. Dans une République où le citoyen se définit par son attachement à des valeurs universelles et non par son appartenance religieuse, les Juifs ont su jouer sur les deux tableaux. Ils se sont intégrés à la société française, tout en continuant à afficher leur allégeance à l’égard d’Israël, en particulier à la droite qui a gouverné ces dernières décennies.
L’activisme de nombreux Juifs français et le racisme que certains d’entre eux manifestent envers les musulmans ne sont pas des phénomènes nouveaux. Je me souviens d’un matin de sabbat dans une synagogue parisienne. J’avais 12 ans. C’était pendant la guerre du Liban, en 1982, et le rabbin a récité une prière pour l’État d’Israël et ses soldats. L’assistance a répondu par des exclamations du genre « Sharon, tue-les ! » Le rabbin n’a pas essayé de les faire taire. Il était alors même clair que cette communauté, qui pendant des années s’était généreusement dévouée à Israël, utilisait l’État hébreu comme un moyen de revanche.
Aucun Juif français n’oserait tuer un musulman en France. Le meurtrier juif Soufir a immigré en Israël avant de tuer un Arabe - et ce n’est pas faute de trouver en France des cibles musulmanes. Mais dans l’Hexagone, de nombreux Juifs préfèrent passer pour des victimes - et les manifestations antisémites leur en donnent suffisamment d’occasions. Grâce au statut de victime, ils bénéficient du soutien du gouvernement, d’autant que le sentiment de culpabilité hérité de la période de Vichy reste vivace.
Il est temps que l’État d’Israël oblige les Juifs de France, qui « mangent à tous les râteliers », à se regarder en face. Le Premier ministre Ehoud Olmert et la présidente par intérim Dalia Itzik devraient rendre visite à la famille de la victime assassinée et lui demander pardon au nom de l’État et du peuple juifs. Ils agiraient comme le roi Hussein de Jordanie après le meurtre de sept fillettes de Beit Shemesh, dans l’attaque terroriste de Naharayim en 1997, ou comme le président français et son épouse Jacques et Bernadette Chirac et le Premier ministre Dominique de Villepin l’ont fait après l’assassinat d’Halimi à l’occasion de la cérémonie funéraire à la synagogue de Paris.
Il est temps également pour les dirigeants de la communauté juive française, à commencer par le premier d’entre eux, le rabbin Joseph Sitruk, de se rendre à la Grande Mosquée de Paris pour demander pardon. Pardon pour le meurtre, mais aussi pour le racisme antimusulman qui s’enracine dans leur communauté, et qui est l’une des principales causes de la détérioration des relations entre juifs et musulmans en France.
Goel Pinto / Haaretz, 28 mai 2007.
Je l'ai lu dans le numéro 2422 de Jeune Afrique. L'hedomadaire panafricain l'a rapporté à son tour sur le quotidien israélien Haaretz.
Bonne lecture.
Le meurtre d’un père de cinq enfants, Tayssir Karaki, 35 ans, domicilié à Beit Hanina, a été commis par un seul individu, mais le terreau dans lequel a grandi le terroriste franco-israélien Julien Soufir mérite un examen de conscience collectif.
Plus d’un Juif français a expliqué, pendant la récente campagne présidentielle, qu’il était pour Nicolas Sarkozy parce qu’il avait réagi avec fermeté contre les immigrés musulmans lors des émeutes des banlieues en 2005. Son soutien, sans équivoque, à la communauté juive après le meurtre d’Ilan Halimi, en 2006, attribué par lui à des motifs antisémites, lui a également permis de mobiliser de nombreux Juifs français.
Au cours de la campagne, on a entendu des Juifs dire que « les Arabes sont en train de prendre le pouvoir en France », ou qu’« il faut un homme fort pour ramener l’ordre ici ».
Six cent mille Juifs vivent en France aujourd’hui. Contrairement aux enfants des immigrés musulmans, nombre d’entre eux occupent des positions sociales élevées et ont gagné le respect et la protection du gouvernement. Dans une République où le citoyen se définit par son attachement à des valeurs universelles et non par son appartenance religieuse, les Juifs ont su jouer sur les deux tableaux. Ils se sont intégrés à la société française, tout en continuant à afficher leur allégeance à l’égard d’Israël, en particulier à la droite qui a gouverné ces dernières décennies.
L’activisme de nombreux Juifs français et le racisme que certains d’entre eux manifestent envers les musulmans ne sont pas des phénomènes nouveaux. Je me souviens d’un matin de sabbat dans une synagogue parisienne. J’avais 12 ans. C’était pendant la guerre du Liban, en 1982, et le rabbin a récité une prière pour l’État d’Israël et ses soldats. L’assistance a répondu par des exclamations du genre « Sharon, tue-les ! » Le rabbin n’a pas essayé de les faire taire. Il était alors même clair que cette communauté, qui pendant des années s’était généreusement dévouée à Israël, utilisait l’État hébreu comme un moyen de revanche.
Aucun Juif français n’oserait tuer un musulman en France. Le meurtrier juif Soufir a immigré en Israël avant de tuer un Arabe - et ce n’est pas faute de trouver en France des cibles musulmanes. Mais dans l’Hexagone, de nombreux Juifs préfèrent passer pour des victimes - et les manifestations antisémites leur en donnent suffisamment d’occasions. Grâce au statut de victime, ils bénéficient du soutien du gouvernement, d’autant que le sentiment de culpabilité hérité de la période de Vichy reste vivace.
Il est temps que l’État d’Israël oblige les Juifs de France, qui « mangent à tous les râteliers », à se regarder en face. Le Premier ministre Ehoud Olmert et la présidente par intérim Dalia Itzik devraient rendre visite à la famille de la victime assassinée et lui demander pardon au nom de l’État et du peuple juifs. Ils agiraient comme le roi Hussein de Jordanie après le meurtre de sept fillettes de Beit Shemesh, dans l’attaque terroriste de Naharayim en 1997, ou comme le président français et son épouse Jacques et Bernadette Chirac et le Premier ministre Dominique de Villepin l’ont fait après l’assassinat d’Halimi à l’occasion de la cérémonie funéraire à la synagogue de Paris.
Il est temps également pour les dirigeants de la communauté juive française, à commencer par le premier d’entre eux, le rabbin Joseph Sitruk, de se rendre à la Grande Mosquée de Paris pour demander pardon. Pardon pour le meurtre, mais aussi pour le racisme antimusulman qui s’enracine dans leur communauté, et qui est l’une des principales causes de la détérioration des relations entre juifs et musulmans en France.
Goel Pinto / Haaretz, 28 mai 2007.
11 commentaires:
salut jeune homme. à la lecture de ce post, je ne sais que penser, certes tout ceci est plus que deplorable, cette surenchère de haine et de racisme entretenue me degoute au plus haut point... pourquoi ne mettre en avant que des demonstration de haine qui n'aura pour resultat qu'entretenir la haine des uns envers les autres? ne serait il pas plus interessant pour tout le monde que nous evoquions de temps en temps les demonstration d'amour et de solidarité inetercommunautaire... demain, un juif de france ou du nebraska, à la lecture de ton poste va peut etre en publier un où il parlera de demonstration de haine et de racisme dans l'autre sens... et les amalgammes sont vite fait, je n'invente rien. alors mon dieu, de temps en temps mettons en avant ce qui peut rapprocher les hommes et non ce qui les separe. A mediter...
@ Tonton Jacob : Comme je l'ai dit dans mon introduction, ce texte est une traduction intégrale d'un article publié par le Haaretz. Le lien se trouve en bas de la note.
Justement cher ami, je voulais démontrer par ce post qu'il y a bien dans la société israélienne une large frange de gens (dont l’auteur de l’article et pleins d’autres que je lis souvent) qui déplorent le racisme et qui ne sont pas d'accord sur certaines pratiques abominables. Ce faisant, je voulais tordre le cou à ce préjugé selon lequel tous les israéliens haïssent les arabes.
haaretz ou pas ton post cree l'amalgame ca y est tout le monde va reproduire cet article.le type tue.
pourquoi soufir l'a tue?il doit y avoir une raison? meme ecrit par un israelien cet article est antisemite
Comme Citizen, je trouve cet article éloquent : une vrai leçon d'auto-critique (même s'il critique plus les juifs de France). J'aimerais bien lire de temps en temps dans les journaux Arabes des articles où ils font leur mea culpa...
Bien sûr ça ne changera rien, ceux qui ont la haine de part ou d'autre y trouverons toujours du grain à ajouter à leur semoule, personnellement je n'en ai que faire.
Merci Citizen pour cet article.
C'est bien Correct, les bons et les Mauvais se trouvent de chaque côté.
Je trouve cette auto-critique très valorisante de son auteur et comme tu les dis pour quand l'aveu de nos erreurs et de nos fautes.
Yabta chwaya.
PS : Tu n'as pas activé les commentaires pour ta note à propos des soldats tués lors de la guerre de 1967.
De toute façon, je voulais écrire les Egyptiens vont finir par adopter la versions selon laquelle s'était, les soldats étaient des Palestiniens quoi qu'ils savent qu'ils sont Egyptiens.
"J'aimerais bien lire de temps en temps dans les journaux Arabes des articles où ils font leur mea culpa..."
Oui tu as raison, je vais le faire pour eux au moins en partie. Ils n'auront qu'à compléter .
Nous sommes désolé oh messieurs de telaviv de nous êtres trouvés sur votre chemin et de ne pas nous êtres écartés au passage de vos blindés et de votre armée .
Kikou kikou hiba, tu pourrais commenter avec ton pseudo, tu me manques tu sais . A quand le prochain match ?
@ Hiba : Si cet varticle risque d'être reproduit, ça sera plus probablement auprès de presigieuses publications telles Haaretz ou Jeune Afrique ainsi qu'auprès de leurs versions éléctroniques lues et visitées quotidiennement par des dizaines et peut être des centaines de milliers de lecteurs plutôt qu'auoprès du modeste blog de Citizen vistié chaque jour par à peine une centaine d'internautes.
Et puis, un article paru dans un grand journal de Tel Aviv, signé par un grand éditorialiste israélien qui s'avère être antisémite ?? Ca échappe à mes modestes facultés de comprhénsion.
@ Kanvan, Téméraire et X : c'est justement ça. Je pense qu'on doit applaudir tout auteur qui procède à une méa culpa et qui dénonce les agissements à caractère racistes des siens et ceci quelque soit le pays ou la religion de cet auteur.
@ à Téméraire : l'article dont tu parles est l'un des tous premiers que j'avais publiés sur ce blog. J'étais débutant et ce n'était qu'une mauvaise manipulation. Le problème est reglé.Mes excuses.
.
@ X : comme je n'arrive pas à saisir le sens de ton dernier commentaire, je ne peux pas te répondre.
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