mercredi, décembre 05, 2007

Hached tel que je l'ai connu.

Je ne l'ai vu pour la première fois qu'en 1949, à mon retour d'Egypte. Nous nous sommes rencontrés de loin en loin, au hasard de nos réunions publiques, de nos tournées de propagande ou lorsque j'étais parfois invité dans le local de l'UGTT à l'occasion de quelques festivités.

Chacun avait ses responsabilités, qui étaient lourdes ; chacun travaillait dans le domaine et sur le plan qui lui était propre, mais avec toujours l'idée vivante que les deux organisations UGTT et Néo-Destour sont étroitement solidaires et doivent marcher la main dans la main.

Ce n'est que durant mon séjour en Amérique, au mois de septembre 1951, que je pus le voir de près. C'est à San Francisco, pendant le congrès annuel de l'AFL (American Federation of Labour), puis à Washington, que nous avons vécu et travaillé ensemble, que nous avons eu à débattre et à résoudre de graves problèmes de tactique et de diplomatie.

Mais, durant cette courte période, j'ai pu le connaître à fond ; j'ai compris le secret de son prestige et j'ai été littéralement conquis par le charme de sa personne, ses grands yeux bleus, son rire si franc, son intelligence lumineuse et son caractère attachant(...)

J'avoue que de ce mois de septembre passé avec Farhat Hached en Amérique, j'ai gardé une impression inoubliable. Cet homme extraordinaire joignait à la flamme du pionnier et à l'enthousiasme du militant la pondération et le réalisme de l'homme d'Etat, le sens des responsabilités du chef et la souplesse du diplomate.

J'étais tranquille ! La cause du prolétariat tunisien était en de bonnes mains. Il avait trouvé en ce fils du peuple l'homme prédestiné qui avait la volonté et les moyens de le conduire à la victoire.

Depuis, il a fallu nous quitter pour reprendre chacun son chemin. Je l'ai revu au mois de janvier 1952. A Tabarka, où j'avais été "éloigné". Il était accompagné de Hédi Nouira et avait fait le voyage au volant de sa petite Simca, celle-là même dans laquelle il devait recevoir la première rafale de mitraillette, en ce triste matin du 5 décembre de la même année.

Au moment de me faire ses adieux, il m'a affirmé sa confiance dans la victoire : "Nous gagnerons la dernière manche, ne cessait-il de me répéter ; ne vous faites pas de mauvais sang, cette épreuve de force imposée au peuple n'aura pas été inutile si elle doit convaincre les derniers tenants du colonialisme en France que rien ne peut se faire en Tunisie par la force.

Les démocrates de France et du monde ne nous abandonneront pas et, tôt ou tard, ils feront pencher la balance en faveur de la justice et de la liberté. Nous tiendrons dix ans, vingt ans s'il le faut ; nous tiendrons le dernier quart d'heure et la grande route de la libération nationale sera définitivement déblayée. Pensez surtout à votre santé, le pays en aura bientôt grand besoin".

C'est hélas ! la sienne qui nous manquera au jour de la victoire.

Très ému, je l'ai accompagné à pied jusqu'au pont qui enjambe l'oued El Kébir à la sortie de Tabarka. Je le vois encore, au volant de son auto, me faire de la main un signe qui fut son dernier adieu. Je ne devais plus le revoir.

Mais j'ai reçu plus tard, beaucoup plus tard, l'expression de sa pensée. Tous ceux qui ont connu les prisons ou les camps de concentration savent par expérience qu'aucune barrière n'est si imperméable qu'elle ne laisse au prisonnier un contact avec l'extérieur.

Un matin de septembre 1952, dans cette île de La Galite où m'avait jeté le caprice de M. de Hauteclocque, une providence inespérée m'a apporté un petit paquet soigneusement ficelé. Je l'ouvre : quelle ne fut pas ma surprise d'y trouver une série de documents relativement récents (rapport de la Commission des 40, lettre d'envoi de SA le Bey, réponse du Président de la République, rapport Mitterrand, une motion de la CISL) et tout à fait à la fin un petit papier écrit en français de la main de Ferhat avec ces mots : "Nous nous sommes imposé comme devise : vigilance encore et toujours... et fermeté" Et dans la marge, en arabe : "En avant toujours, l'avenir est à nous. Signé : FH".

Il ne fait aucun doute que cette devise est restée celle du peuple tunisien, et en particulier celle des compagnons de Farhat Hached qui ont aujourd'hui l'insigne honneur de continuer son œuvre et qui la mèneront à bonne fin.

Habib Bourguiba.
Source.

4 commentaires:

HYPNOTICDOCTOR a dit…

Apparemment la tunisphère a d'autres centre d'intérêt que la commémoration du meurtre de hached

SELMA a dit…

mon cher cytizen tu n'o'ubli presque jamais aucun homme de l'élite tunisienne militante et tu igonre les femmes militantes !!!!

Anonyme a dit…

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CITIZEN a dit…

@ SELMA : je vais ESSAYER DE PALLIER A CETTE CARENCE.