lundi, août 06, 2007

Drap cherche emploi.

Après le texte de Fawia Zouari, je vous propose à lire un autre post-scriptum . L'auteur en est Foued Laroui.

Bonne lecture.

Voici une histoire qui vient de défrayer la chronique judiciaire à Amsterdam, ou plus exactement à Diemen, une ville-satellite de la capitale des Pays-Bas. Une dame, d’origine marocaine, vit depuis plusieurs années de l’aide sociale, parce qu’elle n’a pas de travail. L’instance qui lui verse chaque mois son allocation n’exige d’elle qu’une seule chose : qu’elle réponde au moins une fois par semaine à une offre d’emploi. Ce qu’elle fait. On la convoque à un entretien d’embauche ? Elle y va. Mais - et voici le hic - elle s’y présente vêtue selon la dernière mode ­salafie-­talibane : engoncée des pieds à la tête dans un grand drap noir informe, sans même une ouverture pour les yeux - elle voit tant bien que mal à travers le drap -, et les mains engantées de noir. L’employeur potentiel lève les yeux sur le sombre fantôme qui vient de surgir, lui demande s’il y a moyen de vérifier qu’elle est au moins un être vivant et non pas Terminator ou un robot - ce à quoi la chose répond, d’une voix d’outre-tombe, que c’est contre sa religion de dévoiler le moindre millimètre carré d’elle. Fin de l’entretien d’embauche et continuation ad vitam aeternam de l’allocation-chômage. La momie de Ramsès II a plus de chances de trouver un job que notre amie bigote.

Après plusieurs années de ce micmac, le bureau d’aide sociale finit par s’énerver. Et il supprime le chèque de la salafie-talibane : qu’elle aille vendre des pistaches à Kaboul ou des pépites à Kandahar, si elle tient à se vêtir comme les mousmés de ces deux villes. C’était mal connaître la ninja : la voilà qui attaque le bureau d’aide sociale en justice ! Et la justice - qu’on représente traditionnellement avec un bandeau sur les yeux… - lui donne raison : il n’y a rien dans la loi qui dicte ce que les chômeurs doivent porter pendant les entretiens d’embauche. L’administration doit donc trouver un job au jéroboam ambulant.

Pour résoudre le problème, l’administration organise une séance de brainstorming parmi quelques fonctionnaires. Que peut-on faire pour la dame en noir ? Et la solution surgit : ouvreuse dans un cinéma ! Dans l’obscurité des salles, on ne voit que la petite lampe qu’agite l’ouvreuse et qu’importe que celle-ci se réduise à 4 m2 de drap ? La nuit, tous les chats sont gris. Évidemment, il faut éviter de l’employer les soirs où un film d’horreur est au programme : les spectateurs terrifiés pourraient s’imaginer qu’un zombie s’est échappé de l’écran et déambule parmi eux. Gare aux crises cardiaques !

- Ouvreuse, moi ? répond la dame, outrée. Impossible : le cinéma est interdit par ma religion.

Et de citer la fatwa d’un prédicateur saoudien, qui s’appuie sur les écrits d’un pèlerin, qui cite lui-même le fameux Ibn Taymiyya. Je ne suis pas vraiment certain que Ibn Taymiyya, théologien né en 1263 et mort en 1328, ait écrit quoi que ce soit sur le cinéma, mais qui suis-je pour contester une fatwa ? Quant aux fonctionnaires de la ville, ils n’ont jamais entendu parler de ce zigoto, mais puisque la dame brandit l’argument « c’est ma religion », ils ne peuvent que baisser pavillon.

On en est encore là. Vous avez peut-être une suggestion ?

4 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  2. http://yousardina.blogspot.com/2007/08/drap-cherche-emploi.html
    الشاذ يحفظ ولا يقاس علي

    RépondreSupprimer
  3. salut je viens de rentrer de vacances bcp de sujets interessants chez toi citizen, alors tu va bien ? Apparement tu es en superforme

    RépondreSupprimer
  4. @ 3amrouch : الشاذ يحفظ ولا يقاس علي
    tout à fait d'accord.
    @ lesbi : ayya mar7bé, je vais très bien merci.

    RépondreSupprimer